Auteurs: Kuate Jean Roger (Psychologue, Expert en comportements humains) et Cedric Keutcha Kamani
Au 30 Décembre 2020 le monde comptait 90 260 468 cas de COVID-19 déclarés avec 1 934 784 décès et 49 997 579 cas de guérison. Selon le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union Africaine, le continent africain comptait 64 790 décès confirmés et2 280 488 guérisons pour2 728 602 cas enregistrés. Face aux prévisions d’hécatombe (faite par différentes sources) que cette pandémie pouvait créer en Afrique, le monde scientifique et politique s’interroge encore aujourd’hui sur les raisons du peu de cas d’infection et surtout de décès en Afrique. Les milieux scientifiques et politiques qui avaient prédit l’hécatombe en Afrique se réveillent ahuri par la progression lente et faible des cas d’infection et de décès dans cet environnement africain « désorganisé ». Ils essayent d’expliquer cette faiblesse de cas par l’immunité acquise dans un environnement « peu hygiénique » peuplée d’une population essentiellement jeune, comme si l’essentiel des décès se recrutait essentiellement parmi les africains les plus âgés.
En réalité, le nombre réduit des cas d’infection déclarés et surtout de décès en Afrique, comparé aux différentes régions surtout du monde occidental s’expliquerait par une multitude de facteurs tels que :
1 – La jeunesse de la population africaine dont environ 60% a moins de 30 ans.
Selon Dr. Matshidiso Moeti de l’OMS, environ 3% de la population africaine seulement a plus de 65 ans. Selon la même source, environ 91% du COVID-19 en Afrique Subsaharienne se retrouve dans la population jeune de moins de 60 ans dont environ 80% asymptomatiques[1]. Les jeunes se retrouvent de plus en plus infectés du fait de leur négligence et du peu d’observance des mesures barrières. Il est heureusement à relever très peu de cas de décès parmi cette population[2]. Ce facteur jeunesse n’expliquerait pas tout puisque les cas de décès les plus nombreux ne se situent pas principalement dans la petite portion des sujets âgés d’Afrique (70-90 ans), mais davantage parmi la population entre 40 et 69 ans. En revanche, dans certains pays comme l’Afrique du Sud, le Brésil ou l’Inde on n’a pas vu un réel ralentissement de l’avancée de la pandémie malgré la forte jeunesse de leur population. Il est clair que les facteurs de comorbidité tels que le diabète, les maladies cardio-vasculaires, les maladies respiratoires, l’obésité, la drépanocytose etc. accentuent principalement les risques de mortalité chez des sujets infectés[3].
2 – Le climat tropical essentiellement chaud.
Il a été constaté par exemple dans les pays froids et aux climats tempérés, que l’épidémie a reculé en Eté (températures plus chaudes de l’année) et prend davantage d’ampleur pendant les périodes plus froides et notamment en hiver. Selon Paulo Mecenas et al. in Effects of temperature and humidity on the spread of COVID-19: systematic review[4], le climat chaud et humide semble réduire la propagation du COVID-19, même si la variabilité climatique seule ne saurait expliquer toutes les variabilités de transmission de la maladie. On serait tenté de s’interroger sur le niveau très élevé d’infection dans des régions chaudes et humide comme Rio de Janeiro ou Sao Paulo au Brésil. Cela nous pousse à reconsidérer et à relativiser le facteur climatique. En effet, les modes de vie en zones chaudes et humides ne sont pas exactement les mêmes que ceux des régions plus froides ou on vit essentiellement en intérieur (intérieur de la maison, du train, tram, métro, salle de classe, bureau, usine, voiture etc.). L’air a maille à se renouveler dans ces espaces clos et favorise la propagation du COVID-19.
En revanche, la plupart des populations d’Afrique vivent et passent le clair du temps dans des endroits plus ouverts ou le COVID-19 circule difficilement.
Ainsi il apparait évident que la chaleur et l’humidité constituent un facteur ralentissant la progression de l’épidémie en Afrique, favorisée davantage par un mode de vie dans des espaces plus ouverts grâce au climat plus favorable au contraires des régions habituellement plus froids comme les pays occidentaux.
3 – Les mesures précoces prises par de nombreux dirigeants des pays africains qui ont fermé les frontières dès l’apparition des premiers cas pour en limiter la propagation[5].
Il est aujourd’hui clairement établi que l’essentiel des premiers cas d’infection au COVID-19 sont arrivés de l’extérieur de l’Afrique (principalement de l’Europe et de l’Asie) à travers des voyageurs. Presque tous les pays africains ont rapidement réagi dès l’arrivée des premiers cas en début 2020, en fermant leurs frontières aux étrangers en provenance des régions fortement atteintes comme la Chine et l’Europe. Cependant, on s’est aussi rendu compte que les pays qui ont plusieurs aéroports internationaux en contact avec les pays occidentaux (Cameroun, Nigeria, RD Congo, République Sud-Africaine, Ghana etc.) ont payé un lourd tribut en termes de fort taux d’infection, comparé à ceux n’ayant qu’un seul aéroport. A ces mesures aux frontières se sont ajoutées l’instauration des mesures barrières ainsi que des restrictions de mouvements à l’intérieur des pays comme le Rwanda, la RDC etc. Il est aussi évident que nombre de ces mesures ont été ensuite renforcées par des tests COVID-19 aux entrées (surtout) aéroportuaires de la quasi-totalité de ces pays africains. On peut tout simplement constater pour le regretter que les mêmes mesures ne s’appliquent pas systématiquement aux voies d’entrée terrestre et maritimes de ces pays. De même on peut regretter le manque d’harmonisation des pratiques protectives contre COVID-19 au niveau de tous les pays africains ainsi que le relâchement des mesures barrières à l’intérieur des pays qui aujourd’hui favorise la propagation communautaire de l’infection.
4 – La « désorganisation » du système de santé qui a laissé libre cours aux professionnels de la santé de prendre rapidement en charge toute forme de grippe y compris le COVID-19 sans qu’il en soit uniquement une affaire de spécialistes.
Dans de nombreux pays africains, les médecins généralistes et des spécialistes de différents ordre ont fait des prises en charge des patients atteints de COVID-19. Ceci n’est pas le cas en France par exemple ou médecins généralistes et gériatres ont été exclus de cette prise en charge alors même que de nombreuses personnes âgées étaient atteintes dans les EPHAD et dans la communauté. La possibilité d’avoir des intervenants dans différents centre de sante pouvant prendre en charge précocement les personnes infectées a certainement contribué à ralentir la progression de l’épidémie dans de nombreux pays Africains.
5 – La prise en charge précoce des premiers symptômes du COVID-19 par un protocole habituel qui consiste à garder tout le temps à l’esprit qu’on est en zone endémique de paludisme.
Dans ce contexte, tout patient qui présente deux ou trois signes/symptômes de paludisme reçoit immédiatement un traitement anti-palustre même avant finalisation de toute investigation biologique. Or, il a été clairement prouvé que les anti-palustres (Comme l’hydroxychloroquine, les dérivés de l’artémesinine etc.) lorsqu’ils sont bien pris dès le tout début de l’infection ont démontré une certaine efficacité contre le COVID-19.
De plus, des pays comme le Cameroun, administrent rapidement un traitement à base d’Azythromicyne, hydroxychloroquine, Zinc et Vitamine C, à toute personne dépistée positive, qu’elle soit ou non symptomatique[6]. Cette pratique pourrait limiter les cas extrêmes et le niveau de mortalité. Dans de nombreux pays en Occident, il faut attendre de commencer la maladie pour bénéficier des traitements selon leur protocole. Il semble plus évident de nos jours que la prise en charge précoce des cas de COVID-19 semble être potentiellement le secret qui limite les cas de fatalité.
6 – L’automédication étant un facteur socioculturel couramment pratiqué en Afrique, de nombreuses personnes ne se rendent à l’hôpital que lorsqu’elles n’ont pas eu du succès dans leur auto-traitement.
Cette pratique est tellement courante et couramment admise que le professionnel de la santé vous demandera toujours ce que vous avez donné par exemple à votre enfant depuis 2 jours qu’il présente certains symptômes. Si vous dites que vous ne lui avez rien donné, tout le monde vous regarde comme une personne irresponsable. Si vous donnez la même réponse à un médecin en Occident, cela lui semblerait plutôt normal puisque vous n’êtes pas médecin. Cependant, si vous lui dites que vous lui avez administré un quelconque traitement, vous êtes vu comme une personne irresponsable et vous pouvez même faire l’objet de poursuite judiciaire dans certains cas. Les Africains face au COVID-19 n’ont pas attendu longtemps avant de démarrer leur traitement contre le paludisme en y associant tout ce qu’ils savent faire contre la grippe à savoir : prendre des boissons chaudes à base de gingembre, de citron (riche en vitamine C), de clou de girofle, de miel etc. et même de faire une sorte de sauna avec des vapeurs d’eau bouillante dans laquelle est mise des feuilles et d’écorces de plusieurs plantes et arbres fruitiers. Cette pratique dérivant du savoir et croyance de la médecine traditionnelle ancestrale africaine a tout au moins montré une certaine efficacité antipyrétique et améliore le confort du patient. D’ailleurs, en plus de l’hydroxychloroquine, l’Azythromycine et autres médicaments prescrits par les médecins, ceux-ci n’hésitent jamais à recommander toutes ces « potions grand-mères » et les bains-vapeurs à leurs patients, même s’ils ne le mettent pas par écrit.
7 – Le COVID-19 est plus une maladie des zones urbaines que rurales.
Selon les chiffres et l’observation directe des nombres de décès, il apparait clairement que les zones urbaines sont de loin plus touchées par cette infection que les zones rurales dans toute l’Afrique et particulièrement en Afrique subsaharienne[7]. Ceci pourrait éventuellement se comprendre à travers les modes de vie caractérisées par une plus forte promiscuité dans les villes que dans les villages. De plus, on remarque que les africains dans la tradition ancestrale de nombreuses régions n’ont pas coutume pour se saluer, de se serrer la main, ni de s’embrasser de quelque manière que ce soit. Ils se parlent en général en respectant une certaine distance. Par exemple chez les Peulhs et les Haoussas qui sont autour de la ceinture ouest du désert du Sahara, on se fait des civilités a une distance respectable en parlant et en demandant des nouvelles de la nuit, des jours précédents, de la famille etc. en guise de salutations. Il est même inadmissible par exemple pour un homme de saluer la femme en la touchant de quelque manière que ce soit. Ainsi, saluer systématiquement en secouant la main semble être davantage un comportement hérité de l’Occident et d’autres types de cultures dans de nombreuses régions de l’Afrique. C’est aujourd’hui un comportement des habitants des villes qui en plus de se serrer la main s’embrassent aussi parfois, aidant ainsi le COVID-19 à passer d’un individu à l’autre.
Dans le même ordre d’idées, on remarque que malgré le nombre élevé d’audiences accordées journellement par les rois des régions de l’Ouest et Nord-Ouest du Cameroun aux populations et visiteurs venant du monde entier, ces rois ne se sont pas retrouvés infectés du COVID-19 pour la simple raison que selon la tradition, personne ne serre la main du roi et on se tient au moins à 4-5 mètres pour lui parler en signe de respect. De plus, les nombreuses audiences royales se tiennent toujours dans des espaces ouverts, ce qui rend la circulation du COVID-19 plus difficile.
En définitive, le COVID-19 se propage plus rapidement dans les villes malgré les nombreuses mesures barrières prises, que dans les zones rurales en Afrique. En plus des modes de vie ancestrales qui ont changé, les habitants des villes ont tendance à vivre plus en intérieur (ce qui favorise la circulation rapide du virus), qu’en extérieur comme dans les zones rurales ou c’est couramment à l’extérieur de la maison que de nombreux convives sont reçus. L’essentiel de l’Afrique est encore rurale malgré les fortes densités urbaines, ce qui peut être l’une des raisons pour lesquelles le COVID-19 avance difficilement sur ce continent.
8 – La mémoire des épidémies passées reste vivante et emmène des réflexes adéquats dans la réaction face au COVID-19[8]
L’Afrique a connu de nombreuses épidémies comme celles du SIDA, Ebola, Cholera etc. Les Etats africains se sont souvent organisés pour y apporter des réponses musclées, seuls ou avec l’appui des partenaires extérieurs. Ainsi, le COVID-19 vient retrouver l’habitude au niveau des Etats, des communautés, familles et des individus de répondre efficacement à ces épidémies. Lorsque survient le COVID-19 en fin 2020, la région du Kivu en RD Congo est à peine en train de sortir de la crise de l’infection au virus Ebola. Les banderoles, les affiches sont encore présentes rappelant à chacun d’éviter les contacts humains et de se laver les mains à chaque contact, ce qui apparemment facilite le travail de prévention qui ne tarde pas à s’organiser.
9 – Le COVID-19 a entrainé une énorme peur dans les populations du monde entier dès les débuts 2020. Très vite, les Africains ont surmonté cette peur massive qui subsiste fortement dans le reste du monde.
En effet dèsJanvier 2020, l’Europe découvre massivement les premiers cas de COVID-19 qui rapidement se multiplient et crée la psychose sur ce continent. Les Africains se retrouvent vite infectés par les voyageurs en provenance d’abord d’Europe et d’Asie. Le monde ne comprend pas encore la nature de cette infection et la peur de l’inconnu s’intensifie partout y compris en Afrique. L’Afrique s’organise sur le plan étatique et politique pour y faire face. Dans les communautés, le ton est donné par les gouvernants qui tous ont pris des mesures pour stopper l’avancée de cette infection. La mobilisation contre cette pandémie au sommet de chaque pays africain a montré aux différentes populations le niveau de gravité de cette infection. Le martèlement médiatique et politique qui a entouré cette crise mondiale n’a pas été sans impact sur l’Afrique surtout des villes ou l’accès à la télévision et autres médias d’information est plus grand. Au fur et à mesure de la propagation du COVID-19 avec ses dramatiques chiffres d’infection et des décès quotidiens ici et là, s’est accru une véritable psychose profonde dans les communautés africaines. Cette peur est davantage accentuée par les conséquences issues du décès des personnes atteintes qui sont « jetés » comme on disait au Cameroun, du fait que ces personnes n’avaient pas droit aux obsèques dignes et étaient inhumées immédiatement sans aucune dignité comme on le ferait des parias. En plus, des mesures barrières et une batterie de mesures préventives sont vites adoptées par différents pays. Tout cela a généré une énorme peur dans la première moitié de 2020. Cette peur rapidement diffusée en Afrique a vite baissée dans la deuxième moitié de la même année. La découverte et l’adoption de la thérapie du COVID-19 par l’hydroxychloriquine qui depuis des décennies était un médicament contre le paludisme en Afrique, les thérapies à base de plantes et autres produits naturels utilisés en Afrique, le changement survenu dans les modes d’accompagnement post-mortem ainsi que la compréhension scientifique de la pathologie et des traitements ont permis de réduire considérablement la peur de cette pandémie sur tout le continent. L’une des conséquences négative a parfois été la baisse considérable de la vigilance par rapport au respect des mesures barrières. Par exemple en RD Congo comme au Cameroun et dans bien d’autres pays africains, le port du masque ne se fait en général que lorsque cela est imposé et qu’il existe un risque de sanction. Les grands regroupements se font sans crainte aucune, de la part des populations et sans aucune mesure de prévention.
A contrario, les visiteurs venant d’Europe ou d’Amérique du Nord qui arrivent en Afrique sont ahuri par ce qu’ils appellent un « état d’inconscience de cette population » africaine.
La peur du COVID-19 qui semble avoir disparu au sein de la population africaine ne serait-elle pas l’une des clés de son salut ? Nous savons en effet que la peur intense et continue génère un énorme stress qui affecte le corps et ses organes. Mieux encore, il est aujourd’hui clairement établi que la peur entraine une baisse importante des défenses immunitaires de l’organisme humain. Or les virus en général sont suffisamment à l’aise sur un terrain dont la protection immunitaire est plus faible. Est-ce-que cette immunité qui n’a pas autant baissé que dans les pays occidentaux par exemple ne serait pas finalement la raison pour laquelle l’Afrique reste relativement protégée contre le COVID-19 ? La peur encore vivace et quotidienne dans les milieux occidentaux ne serait-elle pas dans ce contexte la cause de leur malheur qui les vulnérabiliserait, les exposant hautement à l’infection et a ses nombreux dégâts.
10 – Le COVID-19 serait présent dans les selles des personnes infectées et pourraient ainsi être une source de contamination[9].
Certaines études ont affirmé que le COVID-19 aurait été retrouvé dans les matières fécales des personnes infectées[10]. Cette thèse va plus loin en soupçonnant le réseau des évacuations des déchets des toilettes, d’être à l’ origine de certaines infections. Si ceci peut paraitre vraisemblable dans les pays industrialisés ou les fosses septiques et les circuits d’eaux usées sont connectés en réseaux, ceci semble beaucoup moins vrai en Afrique surtout au sud du Sahara ou chaque individu qui construit sa maison construit sa toilette et sa fausse septique qui est complètement isolé de celle des autres habitations. Il n’existe pas du tout de réseau d’évacuation des déchets des toilettes. De ce point de vue, si l’on admet que les toilettes sont à l’origine de l’infection de certaines populations, il apparait clairement que l’Afrique pourrait être moins concernée par cette réalité.
11 – Les questions d’hygiène corporelle varient entre l’Afrique et les pays occidentaux.
Il est couramment reconnu que beaucoup de personnes en Europe comme en Amérique du Nord « en raison du froid », n’ont pas l’habitude de prendre une douche quotidienne. Elles auront tendance à plus laver leurs vêtements que leur propre corps au quotidien. Certains estiment que la prolifération des parfums seraient issus de ce fait de peu d’hygiène corporelle.
Dans le même ordre d’idée, les villes de la plupart de pays occidentaux se caractérisent par le goudron et le béton. Les poussières issues de ces matières semblent moins salissantes que celles venant directement de la terre. Est-ce la raison pour laquelle le lavage des mains est moindre dans ces pays-là ? En effet, on note facilement que dans les restaurants, on a rarement de l’eau pour se laver les mains en dehors des toilettes. Aussi, peu de gens pensent à se laver systématiquement les mains avant de manger au restaurant et dans les fast-foods. Malheureusement, les mains restent l’un des principaux moyens de transmission du SARS-CoV-2.
En revanche en Afrique il a été enseignee aux enfants depuis le bas-âge qu’il faut systématiquement se laver les mains avant de manger, même si ce n’est pas toujours bien appliqué en raison parfois du manque d’eau. L’éducation au lavage des mains a été davantage enseignée d’abord parce que traditionnellement la main reste l’outil utilisé pour manger. De plus, les mains véhiculent de nombreuses infections comme les maladies diarrhéiques et tropicales qui ne constituent pas nécessairement une menace dans des pays développés ou les cuillers et fourchettes sont plus souvent utilisées pour manger. En début de la pandémie de COVID-19, de nombreux dispositifs lave-mains ont été disposés dans des endroits publics en Afrique pour faciliter le lavage des mains, ce qui ne semble pas avoir été le cas en Occident ou on supposait que chacun sait ou se laver les mains.
De même, il est enseigné à tous les enfants d’Afrique qu’il faut « se laver chaque jour ». On est considéré comme sale si on a passé une journée sans se laver entièrement le corps. En dehors du contexte d’absence ou de rareté d’eau, la propreté corporelle est la chose la plus couramment pratiquée. Ceci pourrait être un autre facteur contribuant à relativement limiter la propagation de cette infection en Afrique.
Si des études à grande échelle confirmaient une telle réalité, ça pourrait être un des facteurs propagateurs important du COVID-19 même malgré le confinement.
12 – La vaccination contre la rougeole
Certaines voies disent que le COVID-19 n’est autre chose qu’un virus ayant « revêtu la tête » du virus de la rougeole. Ces arguments non scientifiquement démontrés jusqu’à présent vont plus loin en disant qu’on pourrait résoudre la question de la propagation du COVID-19 en administrant simplement le vaccin de la rougeole à tous. Face à ce type d’affirmation, on est tenté de se demander si l’Afrique ne serait pas mieux protégée du fait que l’essentiel de la population a déjà reçu ce vaccin dans l’enfance. Malheureusement, cette thèse manque de soubassement scientifique crédible en l’état actuel de la connaissance.
13 – Les africains ne « meurent » pas de grippe.
L’Afrique subsaharienne a le pourcentage le plus bas d’adultes qui meurent à cause de l’influenza[11]
De nombreux cas de grippe saisonnière ont été signalés dans plusieurs pays d’Afrique. Mais les cas de décès liés à cette grippe semblent bien rares[12].
De plus et aussi loin que beaucoup de gens s’en souviennent, nombre d’Africains interrogés n’ont jamais entendu qu’un des leurs soit mort de quelque grippe que ce soit, alors que dans nombre de pays occidentaux, la grippe saisonnière seule ferait plus de victimes que le COVID-19. Ceci pousse à croire davantage a un facteur immunisant encore mal connu de nombreux africains contre certains virus grippaux dont éventuellement celui du SARS-CoV-2. Il est évident que les Africains face aux premiers signes de COVID-19 n’attendent pas. Ils attaquent immédiatement la maladie et utilisent les moyens qu’ils jugent forts quitte à être accusés d’utiliser une latte pour tuer une fourmi. Ainsi, ils utilisent autant la médecine occidentale que les traitements traditionnels ancestraux qui vraisemblablement ont une certaine action directe contre le virus qu’il pourrait affaiblir ou ralentir. Cette approche est différente de l’approche calibrée, protocolaire et formelle occidentale où on recommande à un patient infecté sans symptôme de s’isoler, ensuite de prendre seulement des paracétamols s’il a des céphalées et de la fièvre par exemple. Le paracétamol n’agira pas sur le virus, mais sur les symptômes induits par la prolifération des virus sans ralentir la progression de cet ennemi.
Il est fort probable que l’association précoce des anti-palustres associée aux « traitements grand-mères » africains agissant directement sur les virus dans les voies respiratoires hautes ont de fortes chances d’abord de diminuer la virémie (quantité de virus dans les secrétions humaines) et d’empêcher l’organisme de se fragiliser. Pris à une large échelle en Afrique, il ne semble pas surprenant que de nombreux Africains s’infectent sans que cela aille jusqu’à un seuil pathologique dramatique et à la mort.
Même si on peut penser que de nombreuses personnes sont en contact avec ce virus, la précocité dans l’intervention en Afrique semble l’un des facteurs essentiels favorisant la limitation du pire dans l’infection au COVID-19. L’Afrique et le monde scientifique entier gagneraient à se pencher sur cette piste qui pourrait offrir à l’humanité entière de fortes chances de réduire le taux de létalité du COVID-19 dans les pays les plus affectes même si cette voie n’offre aucun ou peu de profit aux industries pharmaceutiques.
Références:
[1] Anne Soy: Coronavirus in Africa: Five reasons why Covid-19 has been less deadly than elsewhere, BBC News, 7 Oct 2020.
[2] Seung-Ji Kang and Sook In Jung: Age-Related Morbidity and Mortality among Patients with COVID-19, 12 Jun 2020
[3] Awadhesh Kumar Singh & Anoop Misra:Impact of COVID-19 and comorbidities on health and economics: Focus on developing countries and India, online 27 Aug 2020
[4] https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0238339#abstract0
[5] Coronavirus: l’état des fermetures des frontières sur le continent africain, RFI, 3 Mars, 2020
[6] R. Derwand and M. Scholz: Does zinc supplementation enhance the clinical efficacy of chloroquine/hydroxychloroquine to win today’s battle against COVID-19? Sept 2020
[7] COVID-19 in Africa: Virus spreading from urban to rural areas, Al Jazeera, 12 June 2020.
[8] Fred Eboko & Sina Schlimmer : COVID-19 : L’Afrique face à une crise mondiale in Politique étrangère N# 42020
[9] Joseph G. Allen : It’s time to talk about how toilets may be spreading covid-19, The Washington Post, September 1, 2020
[10] Song Tang et al.: Aerosol transmission of SARS-CoV-2? Evidence, prevention and control, Environment International Vol 144, Nov 2020
[11] John Paget and al.: Global mortality associated with seasonal influenza epidemics, New burden estimates and predictors from the GLaMOR Project, Journal of Global health, online 22 Oct 2019
[12] Maria Yazdanbakhsh, Peter G. Kremsner: Influenza in Africa, 15 December 2009
